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Stéphane MallarméPoésies

SALUT



Riencette écumevierge vers
À ne désigner quela coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènesmainte à l'envers.

Nousnaviguonsô mes divers
Amismoi déjà sur lapoupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres etd'hivers;

Uneivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
Deporter debout ce salut

Solituderécifétoile
À n'importe ce qui valut
Leblanc souci de notre toile.


LEGUIGNON



Au-dessusdu bétail ahuri des humains
Bondissaient en clartéles sauvages crinières
Des mendiants d'azur le pied dansnos chemins.

Un noirvent sur leur marche éployé pour bannières
Laflagellait de froid tel jusque dans la chair
Qu'il y creusaitaussi d'irritables ornières.

Toujoursavec l'espoir de rencontrer la mer
Ils voyageaient sans painsans bâtons et sans urnes
Mordant au citron d'or del'idéal amer.

La plupartrâla dans les défilés nocturnes
S'enivrantdu bonheur de voir couler son sang
O Mort le seul baiser auxbouches taciturnes!

Leurdéfaitec'est par un ange très puissant
Debout àl'horizon dans le nu de son glaive:
Une pourpre se caille au seinreconnaissant.

Ilstettent la douleur comme ils tétaient le rêve
Etquand ils vont rythmant de pleurs voluptueux
Le peuples'agenouille et leur mère se lève.

Ceux-làsont consoléssûrs et majestueux;
Mais traînentà leurs pas cent frères qu'on bafoue
Dérisoiresmartyrs de hasards tortueux.

Le selpareil des pleurs ronge leur douce joue
Ils mangent de la cendreavec le même amour
Mais vulgaire ou bouffon le destin quiles roue.

Ilspouvaient exciter aussi comme un tambour
La servile pitiédes races à voix terne
Égaux de Prométhéeà qui manque un vautour!

Nonvilset fréquentant les déserts sans citerne
Ilscourent sous le fouet d'un monarque rageur
Le Guignondont lerire inouï les prosterne.

Amantsilsaute en croupe à troisle partageur!
Puis le torrentfranchivous plonge en une mare
Et laisse un bloc boueux dublanc couple nageur.

Grâceà luisi l'un souffle à son buccin bizarre
Desenfants nous tordront en un rire obstiné
Quile poing àleur culsingeront sa fanfare.

Grâceà luisi l'une orne à point un sein fané
Parune rose qui nubile le rallume
De la bave luira sur son bouquetdamné.

Et cesquelette naincoiffé d'un feutre à plume
Etbottédont l'aisselle a pour poils vrais des vers
Estpour eux l'infini de la vaste amertume.

Vexésne vont-ils pas provoquer le pervers
Leur rapièregrinçant suit le rayon de lune
Qui neige en sa carcasse etqui passe au travers.

Désoléssans l'orgueil qui sacre l'infortune
Et tristes de venger leursos de coups de bec
Ils convoitent la haineau lieu de larancune.

Ils sontl'amusement des racleurs de rebec
Des marmotsdes putains et dela vieille engeance
Des loqueteux dansant quand le broc est àsec.

Les poëtesbons pour l'aumône ou la vengeance
Ne connaissent le malde ces dieux effacés
Les disent ennuyeux et sansintelligence.

«Ils peuvent fuir ayant de chaque exploit assez
« Comme unvierge cheval écume de tempête
« Plutôtque de partir en galops cuirassés.

«Nous soûlerons d'encens le vainqueur de la fête:
«Mais euxpourquoi n'endosser pasces baladins
«D'écarlate haillon hurlant que l'on s'arrête! »

Quand enface tous leur ont craché les dédains
Nuls et labarbe à mots bas priant le tonnerre
Ces hérosexcédés de malaises badins

Vontridiculement se pendre au réverbère.


APPARITION



Lalune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvantl'archet aux doigtsdans le calme des fleurs
Vaporeusestiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant surl'azur des corolles.
- C'était le jour béni de tonpremier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que mêmesans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'unRêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais doncl'oeil rivésur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveuxdansla rue
Et dans le soirtu m'es en riant apparue
Et j'ai cruvoir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mesbeaux sommeils d'enfant gâté
Passaitlaissanttoujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancsbouquets d'étoiles parfumées.


PLACETFUTILE



Princesse!à jalouser le destin d'une Hébé
Qui poindsur cette tasse au baiser de vos lèvres
J'use mes feuxmais n'ai rang discret que d'abbé
Et ne figurerai mêmenu sur le Sèvres.

Comme jene suis pas ton bichon embarbé
Ni la pastille ni durougeni jeux mièvres
Et que sur moi je sais ton regardclos tombé
Blonde dont les coiffeurs divins sont desorfèvres!

Nommez-nous...toi de qui tant de ris framboisés
Se joignent en troupeaud'agneaux apprivoisés
Chez tous broutant les voeux etbêlant aux délires

Nommez-nous...pour qu'Amour ailé d'un éventail
M'y peigne flûteaux doigts endormant ce bercail
Princessenommez-nous berger devos sourires.


LEPITRE CHATIÉ



Yeuxlacs avec ma simple ivresse de renaître
Autre quel'histrion qui du geste évoquais
Comme plume la suieignoble des quinquets
J'ai troué dans le mur de toile unefenêtre.

De majambe et des bras limpide nageur traître
À bondsmultipliésreniant le mauvais
Hamlet! c'est comme si dansl'onde j'innovais
Mille sépulcres pour y viergedisparaître.

Hilare orde cymbale à des poings irrité
Tout à couple soleil frappe la nudité
Qui pure s'exhala dans mafraîcheur de nacre

Rance nuitde la peau quand sur moi vous passiez
Ne sachant pasingrat!que c'était tout mon sacre
Ce fard noyé dans l'eauperfide des glaciers.


UNENÉGRESSE...



Unenégresse par le démon secouée
Veut goûterune enfant triste de fruits nouveaux
Et criminels aussi sous leurrobe trouée
Cette goinfre s'apprête à derusés travaux:

Àson ventre compare heureuse deux tétines
Etsi haut quela main ne le saura saisir
Elle darde le choc obscur de sesbottines
Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir

Contre lanudité peureuse de gazelle
Qui tremblesur le dos tel unfol éléphant
Renversée elle attend ets'admire avec zèle
En riant de ses dents naïves àl'enfant;

Etdansses jambes où la victime se couche
Levant une peau noireouverte sous le crin
Avance le palais de cette étrangebouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.


SOUPIR



Monâme vers ton front où rêveô calme soeur
Un automne jonché de taches de rousseur
Et vers leciel errant de ton oeil angélique
Montecomme dans unjardin mélancolique
Fidèleun blanc jet d'eausoupire vers l'Azur!
- Vers l'Azur attendri d'Octobre pâleet pur
Qui mire aux grands bassins sa langeur infinie
Etlaissesur l'eau morte où la fauve agonie
Des feuilleserre au vent et creuse un froid sillon
Se traîner lesoleil jaune d'un long rayon.


LESFENÊTRES



Las dutriste hôpitalet de l'encens fétide
Qui monte enla blancheur banale des rideaux
Vers le grand crucifix ennuyédu mur vide
Le moribond sournois y redresse un vieux dos

Se traîneet vamoins pour chauffer sa pourriture
Que pour voir du soleilsur les pierrescoller
Les poils blancs et les os de la maigrefigure
Aux fenêtres qu'un beau rayon clair veut hâler.

Et labouchefiévreuse et d'azur bleu vorace
Tellejeuneelle alla respirer son trésor
Une peau virginale et dejadis! encrasse
D'un long baiser amer les tièdes carreauxd'or.

Ivreilvitoubliant l'horreur des saintes huiles
Les tisanesl'horloge et le lit infligé
La toux; et quand le soirsaigne parmi les tuiles
Son oeilà l'horizon de lumièregorgé

Voit desgalères d'orbelles comme des cygnes
Sur un fleuve depourpre et de parfums dormir
En berçant l'éclairfauve et riche de leurs lignes
Dans un grand nonchaloir chargéde souvenirs!

Ainsipris du dégoût de l'homme à l'âme dure
Vautré dans le bonheuroù ses seuls appétits
Mangentet qui s'entête à chercher cette ordure
Pour l'offrir à la femme allaitant ses petits

Je fuis etje m'accroche à toutes les croisées
D'ou l'ontourne l'épaule à la vie etbéni
Dans leurverrelavé d'éternelles rosées
Que dore lematin chaste de l'Infini

Je me mireet me vois ange! et je meurset j'aime
-- Que la vitre soitl'artsoit la mysticité --
À renaîtreportant mon rêve en diadème
Au ciel antérieuroù fleurit la Beauté!

Maishélas! Ici-bas est maître: sa hantise
Vientm'écoeurer parfois jusqu'en cet abri sûr
Et levomissement impur de la Bêtise
Me force à me boucherle nez devant l'azur.

Est-ilmoyenô Moi qui connais l'amertume
D'enfoncer le cristalpar le monstre insulté
Et de m'enfuiravec mes deux ailessans plume
-- Au risque de tomber pendant l'éternité?


LESFLEURS



Desavalanches d'or du vieil azurau jour
Premier et de la neigeéternelle des astres
Jadis tu détachas les grandcalices pour
La terre jeune encore et vierge de désastres

Le glaïeulfauveavec les cygnes au col fin
Et ce divin laurier des âmesexilées
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées

L'hyacinthele myrte à l'adorable éclair
Etpareille àla chair de la femmela rose
CruelleHérodiade en fleurdu jardin clair
Celle qu'un sang farouche et radieux arrose!

Et tu fisla blancheur sanglotante des lys
Qui roulant sur des mers desoupirs qu'elle effleure
À travers l'encens bleu deshorizons pâlis
Monte rêveusement vers la lune quipleure!

Hosannahsur le cistre et dans les encensoirs
Notre Damehosannah dujardin de nos limbes!
Et finisse l'écho par les célestessoirs
Extase des regardsscintillements des nimbes!

O Mèrequi créas en ton sein juste et fort
Calice balançantla future fiole
De grandes fleurs avec la balsamique Mort
Pourle poëte las que la vie étiole.


RENOUVEAU



Leprintemps maladif a chassé tristement
L'hiversaison del'art sereinl'hiver lucide
Etdans mon être àqui le sang morne préside
L'impuissance s'étire enun long bâillement.

Descrépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau
Ettristej'erre après un rêve vague et beau
Par leschamps où la sève immense se pavane

Puis jetombe énervé de parfums d'arbreslas
Et creusantde ma face une fosse à mon rêve
Mordant la terrechaude où poussent les lilas

J'attendsen m'abîmant que mon ennui s'élève...
-Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil
De tantd'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.


ANGOISSE



Je neviens pas ce soir vaincre ton corpsô bête
En quivont les péchés d'un peupleni creuser
Dans tescheveux impurs une triste tempête
Sous l'incurable ennuique verse mon baiser:

Je demandeà ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous lesrideaux inconnus du remords
Et que tu peux goûter aprèstes noirs mensonges
Toi qui sur le néant en sais plus queles morts:

Car leVicerongeant ma native noblesse
M'a comme toi marqué desa stérilité
Mais tandis que ton sein de pierreest habité

Par uncoeur que la dent d'aucun crime ne blesse
Je fuispâledéfaithanté par mon linceul
Ayant peur de mourirlorsque je couche seul.


LASDE L'AMER REPOS...



Las del'amer repos où ma paresse offense
Une gloire pour quijadis j'ai fui l'enfance
Adorable des bois de roses sous l'azur
Naturelet plus las sept fois du pacte dur
De creuser parveillée une fosse nouvelle
Dans le terrain avare et froidde ma cervelle
Fossoyeur sans pitié pour la stérilité
- Que dire à cette Auroreô Rêvesvisité
Par les rosesquandpeur de ses roses livides
Le vastecimetière unira les trous vides? -
Je veux délaisserl'Art vorace d'un pays
Crueletsouriant aux reproches vieillis
Que me font mes amisle passéle génie
Et malampe qui sait pourtant mon agonie
Imiter le Chinois au coeurlimpide et fin
De qui l'extase pure est de peindre la fin
Surses tasses de neige à la lune ravie
D'une bizarre fleurqui parfume sa vie
Transparentela fleur qu'il a sentieenfant
Au filigrane bleu de l'âme se greffant.
Etla morttelle avec le seul rêve du sage
Sereinje vais choisir unjeune paysage
Que je peindrais encor sur les tassesdistrait.
Une ligne d'azur mince et pâle serait
Un lacparmi leciel de porcelaine nue
Un clair croissant perdu par une blanchenue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux
Non loin detrois grand cils d'émerauderoseaux.


LESONNEUR



Cependantque la cloche éveille sa voix claire
À l'air pur etlimpide et profond du matin
Et passe sur l'enfant qui jette pourlui plaire
Un angélus parmi la lavande et le thym

Le sonneureffleuré par l'oiseau qu'il éclaire
Chevauchanttristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la cordeséculaire
N'entend descendre à lui qu'un tintementlointain.

Je suiscet homme. Hélas! de la nuit désireuse
J'ai beautirer le câble à sonner l'Idéal
De froidspéchés s'ébat un plumage féal

Et la voixne me vient que par bribes et creuse!
Maisun jourfatiguéd'avoir en vain tiré
O Satanj'ôterai la pierre etme pendrai.


TRISTESSED'ÉTÉ



Lesoleilsur la tableô lutteuse endormie
En l'or de tescheveux chauffe un bain langoureux
Etconsumant l'encens sur tajoue ennemie
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ceblanc Flamboiement l'immuable accalmie
T'a fait direattristéeô mes baisers peureux
« Nous ne serons jamais uneseule momie
Sous l'antique désert et les palmiers heureux!»

Mais tachevelure est une rivière tiède
Où noyersans frissons l'âme qui nous obsède
Et trouver ceNéant que tu ne connais pas.

Jegoûterai le fard pleuré par tes paupières
Pourvoir s'il sait donner au coeur que tu frappas
L'insensibilitéde l'azur et des pierres.


L'AZUR



Del'éternel azur la sereine ironie
Accablebelleindolemment comme les fleurs
Le poëte impuissant qui mauditson génie
À travers un désert stérilede Douleurs.

Fuyantles yeux fermésje le sens qui regarde
Avec l'intensitéd'un remords atterrant
Mon âme vide. Où fuir? Etquelle nuit hagarde
Jeterlambeauxjeter sur ce méprisnavrant?

Brouillardsmontez! Versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons debrume dans les cieux
Qui noiera le marais livide des automnes
Etbâtissez un grand plafond silencieux!

Et toisors des étangs léthéens et ramasse
En t'envenant la vase et les pâles roseaux
Cher Ennuipourboucher d'une main jamais lasse
Les grands trous bleus que fontméchamment les oiseaux.

Encor! quesans répit les tristes cheminées
Fumentet que desuie une errante prison
Éteigne dans l'horreur de sesnoires traînées
Le soleil se mourant jaunâtreà l'horizon!

-- Le Cielest mort. -- Vers toij'accours! donneô matière
L'oubli de l'Idéal cruel et du Péché
Àce martyr qui vient partager la litière
Où lebétail heureux des hommes est couché

Car j'yveuxpuisque enfin ma cervellevidée
Comme le pot defard gisant au pied d'un mur
N'a plus l'art d'attifer lasanglotante idée
Lugubrement bâiller vers un trépasobscur...

En vain!l'Azur triompheet je l'entends qui chante
Dans les cloches. Monâmeil se fait voix pour plus
Nous faire peur avec savictoire méchante
Et du métal vivant sort en bleusangelus!

Il roulepar la brumeancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu'unglaive sûr;
Où fuir dans la révolte inutileet perverse?
Je suis hanté. L'Azur! l'Azur! l'Azur!l'Azur!


BRISEMARINE



Lachair est tristehélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir!là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'êtreparmi l'écume inconnue et les cieux!
Rienni les vieuxjardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeurqui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté désertede ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Etni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamerbalançant ta mâture
Lève l'ancre pour uneexotique nature!
Un Ennuidésolé par les cruelsespoirs
Croit encore à l'adieu suprême desmouchoirs!
Etpeut-êtreles mâtsinvitant lesorages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdussans mâtssans mâtsni fertiles îlots...
Maisô mon coeurentends le chant des matelots!


AUMONE


Prends cesacMendiant! tu ne le cajolas
Sénile nourrisson d'unetétine avare
Afin de pièce à pièce enégoutter ton glas.

Tire dumétal cher quelque péché bizarre
Et vastecomme nousles poings pleinsle baisons
Souffles-y qu'il setorde! une ardente fanfare.

Égliseavec l'encens que toutes ces maisons
Sur les murs quand berceurd'une bleue éclaircie
Le tabac sans parler roule lesoraisons

Et l'opiumpuissant brise la pharmacie!
Robes et peauxveux-tu lacérerle satin
Et boire en la salive l'heureuse inertie

Par lescafés princiers attendre le matin?
Les plafonds enrichisde nymphes et de voiles
On jetteau mendiant de la vitreunfestin.

Et quandtu sorsvieux dieugrelottant sous tes toiles
D'emballagel'aurore est un lac de vin d'or
Et tu jures avoir au gosier lesétoiles!

Faute desupputer l'éclat de ton trésor
Tu peux du moinst'orner d'une plumeà complies
Servir un cierge au sainten qui tu crois encor.

Net'imagine pas que je dis des folies.
La terre s'ouvre vieille àqui crève la faim.
Je hais une autre aumône et veuxque tu m'oublies.

Et surtoutne va pasfrèreacheter du pain.


SONNET

(Pour votre chère morteson ami.) 2novembre 1877

Sur lesbois oubliés quand passe l'hiver sombre
Tu te plainsôcaptif solitaire du seuil
Que ce sépulcre à deuxqui fera notre orgueil
Hélas! du manque seul des lourdsbouquet s'encombre.

Sansécouter Minuit qui jeta son vain nombre
Une veillet'exalte à ne pas fermer l'oeil
Avant que dans les bras del'ancien fauteuil
Le suprême tison n'ait éclairémon Ombre.

Qui veutsouvent avoir la Visite ne doit
Par trop de fleurs charger lapierre que mon doigt
Soulève avec l'ennui d'une forcedéfunte.

Ame au siclair foyer tremblante de m'asseoir
Pour revivre il suffit qu'àtes lèvres j'emprunte
Le souffle de mon nom murmurétout un soir.


DONDU POEME




Jet'apporte l'enfant d'une nuit d'Idumée!
Noireàl'aile saignante et pâledéplumée
Par leverre brûlé d'aromates et d'or
Par les carreauxglacéshélas! mornes encor
L'aurore se jeta surla lampe angélique.
Palmes! et quand elle a montrécette relique
A ce père essayant un sourire ennemi
Lasolitude bleue et stérile a frémi.
O la berceuseavec ta fille et l'innocence
De vos pieds froidsaccueille unehorrible naissance:
Et ta voix rappelant viole et clavecin
Avecle doigt fané presseras-tu le sein
Par qui coule enblancheur sibylline la femme
Pour les lèvres que l'air duvierge azur affame?


SCENE.LaNourrice - Hérodiade


N:
Tuvis! ou vois-je ici l'ombre d'une princesse?
À mes lèvrestes doigts et leurs bagues et cesse
De marcher dans un âgeignoré...

H:
Reculez.
Le blond torrent de mes cheveux immaculés
Quand il baigne mon corps solitaire le glace
D'horreuretmes cheveux que la lumière enlace
Sont immortels. O femmeun baiser me tûrait
Si la beauté n'était lamort...

Par quelattrait
Menée et quel matin oublié des prophètes
Versesur les lointains mourantsses tristes fêtes
Lesais-je? tu m'as vueô nourrice d'hiver
Sous la lourdeprison de pierres et de fer
Où de mes vieux lions traînentles siècles fauves
Entreret je marchaisfatalelesmains sauves
dans le parfum désert de ses anciens rois:
Mais encore as-tu-vu quels furent mes effrois?
Je m'arrêterêvant aux exilset j'effeuille
Comme près d'unbassin dont le jet d'eau m'accueille
Les pâles lys qui sonten moitandis qu'épris
De suivre du regard les languidesdébris
Descendreà travers ma rêverieensilence
Les lionsde ma robe écartent l'indolence
Etregardent mes pieds qui calmeraient la mer.
Calmetoilesfrissons de ta sénile chair
Viens et ma chevelure imitantles manières
Trop farouches qui font votre peur descrinières
Aide-moipuisqu'ainsi tu n'oses plus me voir
A me peigner nonchalamment dans un miroir.

N.:
Sinonla myrrhe gaie en ses bouteilles closes
De l'essence ravie auxvieillesses de roses
Voulez-vousmon enfantessayer la vertu
Funèbre?

H.:
Laisse-là ces parfums! ne sais-tu
Que je les haisnourriceet veux-tu que je sente
Leur ivresse noyer ma têtelanguissante?
Je veux que mes cheveux qui ne sont pas des fleurs
À répandre l'oubli des humaines douleurs
Maisde l'orà jamais vierge des aromates
Dans leurs éclairscruels et dans leurs pâleurs mates
Observent la froideurstérile du métal
Vous ayant reflétésjoyaux du mur natal
Armesvases depuis ma solitaire enfance.

N.:
Pardon! l'âge effaçaitreinevotre défense
De mon esprit pâli comme un vieux livre ou noir...

H.:
Assez! Tiens devant moi ce miroir.

O miroir!
Eau froide par l'ennui dans ton cadre gelée
Que defois et pendant les heuresdésolée
Des songes etcherchant mes souvenirs qui sont
Comme des feuilles sous ta glaceau trou profond
Je m'apparus en toi comme une ombre lointaine
Maishorreur! des soirsdans ta sévère fontaine
J'ai de mon rêve épars connu la nudité!

Nourricesuis-je belle?

N.:
Unastreen vérité
Mais cette tresse tombe...

H.:
Arrête dans ton crime
Qui refroidit mon sang vers sasourceet réprime
Ce gesteimpiétéfameuse: ah! conte-moi
Quel sûr démon te jette en lesinistre émoi
Ce baiserces parfums offerts etledirai-je?
O mon coeurcette main encore sacrilège
Cartu voulaisje croisme touchersont un jour
Qui ne finira passans malheur sur la tour...
O jour qu'Hérodiade aveceffroi regarde!

N.:
Tempsbizarreen effetde quoi le ciel vous garde!
Vous errezombreseule et nouvelle fureur
Et regardant en vous précoceavec terreur;
Mais toujours adorable autant qu'une immortelle
Omon enfantet belle affreusementet telle
Que...

H.:
Maisn'allais-tu pas me toucher?

N.:
...J'aimerais
Etre à qui le Destin réserve vossecrets.

H.:
Oh!tais-toi!

N.:
Viendra-t-il parfois?

H.:
Étoiles pures
N'entendez pas!

N.:
Commentsinon parmi d'obscures
Épouvantessongerplus implacable encor
Et comme suppliant le dieu que le trésor
De votre grâce attend! et pour quidévorée
D'angoissegardez-vous la splendeur ignorée
Et lemystère vain de votre être?

H.:
Pourmoi.

N.:
Triste fleur qui croît seule et n'a pas d'autre émoi
Que son ombre dans l'eau vue avec atonie.

H.:
Vagarde to pitié comme ton ironie.

N.:
Toutefois expliquez: oh! nonnaïve enfant
Décroîtraquelque jource dédain triomphant...

H.:
Maisqui me toucheraitdes lions respectée?
Du resteje neveux rien d'humain etsculptée
Si tu me vois les yeuxperdus au paradis
C'est quand je me souviens de ton lait bujadis.

N.:
Victime lamentable à son destin offerte!

H.:
Ouic'est pour moipour moique je fleurisdéserte!
Vous lesavezjardins d'améthysteenfouis
Sans fin dans vossavants abîmes éblouis
Ors ignorésgardantvotre antique lumière
Sous le sombre sommeil d'une terrepremière
Vouspierres où mes yeux comme de pursbijoux
Empruntent leur clarté mélodieuseet vous
Métaux qui donnez à ma jeune chevelure
Unesplendeur fatale et sa massive allure!
Quant à toifemmenée en des siècles malins
Pour la méchancetédes antres sibyllins
Qui parles d'un mortel! selon quidescalices
De mes robesarôme aux farouches délices
Sortirait le frisson blanc de ma nudité
Prophétiseque si le tiède azur d'été
Vers luinativement la femme se dévoile
Me voit dans ma pudeurgrelottante d'étoile
Je meurs!

J'aimel'horreur d'être vierge et je veux
Vivre parmi l'effroi queme font mes cheveux
Pourle soirretirée en ma couchereptile
Inviolé sentir en la chair inutile
Le froidscintillement de ta pâle clarté
Toi qui te meurstoi qui brûles de chasteté
Nuit blanches de glaçonset de neige cruelle!

Et tasoeur solitaireô ma soeur éternelle
Mon rêvemontera vers toi: telle déjà
Rare limpiditéd'un coeur qui le songea
Je me crois seule en ma monotone patrie
Et toutautour de moivit dans l'idolâtrie
D'unmiroir qui reflète en son calme dormant
Hérodiadeau clair regard de diamant...
O charme dernieroui! je le sensje suis seule.

N.:
Madameallez-vous donc mourir?

H.:
Nonpauvre aïeule
Sois calme ett'éloignantpardonne àce coeur dur
Mais avantsi tu veuxclos les voletsl'azur
Séraphique sourit dans les vitres profondes
Et jedétestemoile bel azur!

Des ondes
Se bercent etlà-bassais-tu pas un pays
Oùle sinistre ciel ait les regards haïs
De Vénus quile soirbrûle dans le feuillage:
J'y partirais.

Allumeencoreenfantillage
Dis-tuces flambeaux où la cire aufeu léger
Pleure parmi l'or vain quelque pleur étranger
Et...

N.:
Maintenant?

H.:
Adieu.
Vous mentezô fleur nue
De mes lèvres.

J'attendsune chose inconnue
Ou peut-êtreignorant le mystèreet vos cris
Jetez-vous les sanglots suprêmes et meurtris
D'une enfance sentant parmi les rêveries
Se séparerenfin ses froides pierreries.


CANTIQUEDE SAINT JEAN



Lesoleil que sa halte
Surnaturelle exalte
Aussitôtredescend
Incandescent

Je senscomme aux vertèbres
S'éployer des ténèbres
Toutes dans un frisson
À l'unisson

Et ma têtesurgie
Solitaire vigie
Dans les vols triomphaux
De cettefaux

Commerupture franche
Plutôt refoule ou tranche
Les anciensdésaccords
Avec le corps

Qu'elle dejeûnes ivre
S'opiniâtre à suivre
Enquelque bond hagard
Son pur regard

Là-hautoù la froidure
Éternelle n'endure
Que vous lesurpassiez
Tous ô glaciers

Mais selonun baptème
Illuminée au même
Principe quim'élut
Penche un salut.


L'APRES-MIDID'UN FAUNE



LeFaune:
Ces nymphesje les veux perpétuer.

Si clair
Leur incarnat légerqu'il voltige dans l'air
Assoupide sommeils touffus.

Aimai-jeun rêve?
Mon douteamas de nuit anciennes'achève
En maint rameau subtilquidemeuré les vrais
Boismêmeprouvehélas! que bien seul je m'offrais
Pourtriomphe la faute idéale de roses.

Réfléchissons...

ou si lesfemmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux!
Faunel'illusion s'échappe des yeux bleus
Et froidscomme une source en pleursde la plus chaste:
Maisl'autre toutsoupirsdis-tu qu'elle contraste
Comme brise du jour chaude dansta toison?
Que non! par l'immobile et lasse pâmoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s'il lutte
Ne murmurepoint d'eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arroséd'accords; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt às'exhaler avant
Qu'il disperse le son dans une pluie aride
C'està l'horizon pas remué d'une ride
Levisible et serein souffle artificiel
De l'inspirationquiregagne le ciel.

O bordssiciliens d'un calme marécage
Qu'à l'envi desoleils ma vanité saccage
Tacite sous les fleursd'étincellesCONTEZ
« Que je coupais ici lescreux roseaux domptés
» Par le talent; quandsurl'or glauque de lointaines
» Verdures dédiant leurvigne à des fontaines
» Ondoie une blancheuranimale au repos:
» Et qu'au prélude lent oùnaissent les pipeaux
» Ce vol de cygnesnon! de naïadesse sauve
» Ou plonge...

Inertetout brûle dans l'heure fauve
Sans marquer par quel artensemble détala
Trop d'hymen souhaité de quicherche le la:
Alors m'éveillerai-je à laferveur première
Droit et seulsous un flot antique delumière
Lys! et l'un de vous tous pour l'ingénuité.

Autre quece doux rien par leur lèvre ébruité
Lebaiserqui tout bas des perfides assure
Mon seinvierge depreuveatteste une morsure
Mystérieusedue àquelque auguste dent;
Maisbast! arcane tel élut pourconfident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l'azur on joue:
Quidétournant à soi le trouble de la joue
Rêvedans un solo longque nous amusions
La beauté d'alentourpar des confusions
Fausses entre elle-même et notre chantcrédule;
Et de faire aussi haut que l'amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pursuivis avec mes regards clos
Une sonorevaine et monotoneligne.

Tâchedoncinstrument des fuitesô maligne
Syrinxde refleuriraux lacs où tu m'attends!
Moide ma rumeur fierje vaisparler longtemps
Des déesses; et par d'idolâtrespeintures
À leur ombre enlever encore des ceintures:
Ainsiquand des raisins j'ai sucé la clarté
Pourbannir un regret par ma feinte écarté
Rieurj'élève au ciel d'été la grappe vide
Etsoufflant dans ses peaux lumineusesavide
D'ivressejusqu'ausoir je regarde au travers.

O nymphesregonflons des SOUVENIRS divers.
« Mon oeiltrouant lejoncsdardait chaque encolure
» Immortellequi noie enl'onde sa brûlure
» Avec un cri de rage au ciel de laforêt;
» Et le splendide bain de cheveux disparaît
» Dans les clartés et les frissonsôpierreries!
» J'accours; quandà mes piedss'entrejoignent (meurtries
» De la langueur goûtéeà ce mal d'être deux)
» Des dormeuses parmileurs seuls bras hasardeux;
» Je les ravissans lesdésenlaceret vole
» À ce massifhaïpar l'ombrage frivole
» De roses tarissant tout parfum ausoleil
» Où notre ébat au jour consumésoit pareil.

Je t'adorecourroux des viergesô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse
Pour fuirma lèvre en feu buvantcomme un éclair
Tressaille!la frayeur secrète de la chair:
Des pieds de l'inhumaineau coeur de la timide
Qui délaisse à la fois uneinnocencehumide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
« Mon crimec'est d'avoirgai de vaincre ces peurs
»Traîtressesdivisé la touffe échevelée
»De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée:
»Carà peine j'allais cacher un rire ardent
» Sousles replis heureux d'une seule (gardant
» Par un doigtsimpleafin que sa candeur de plume
» Se teignît àl'émoi de sa soeur qui s'allume
» La petitenaïveet ne rougissant pas: )
» Que de mes brasdéfaitspar de vagues trépas
» Cette proieà jamaisingrate se délivre
» Sans pitié du sanglotdont j'étais encore ivre.

Tant pis!vers le bonheur d'autres m'entraîneront
Par leur tressenouée aux cornes de mon front:
Tu saisma passionquepourpre et déjà mûre
Chaque grenade éclateet d'abeilles murmure;
Et notre sangépris de qui le vasaisir
Coule pour tout l'essaim éternel du désir.
À l'heure où ce bois d'or et de cendres se teinte
Une fête s'exalte en la feuillée éteinte:
Etna! c'est parmi toi visité de Vénus
Sur talave posant tes talons ingénus
Quand tonne une sommetriste ou s'épuise la flamme.
Je tiens la reine!

O sûrchâtiment...

Nonmaisl'âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tardsuccombent au fier silence de midi:
Sans plus il faut dormir enl'oubli du blasphème
Sur le sable altérégisant et comme j'aime
Ouvrir ma bouche à l'astre efficacedes vins!

Coupleadieu; je vais voir l'ombre que tu devins.


SAINTE



Àla fenêtre recelant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole étincelant
Jadis avec flûte oumandore

Est laSainte pâleétalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie:

Àce vitrage d'ostensoir
Que frôle une harpe par l'Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicatephalange

Du doigtquesans le vieux santal
Ni le vieux livreelle balance
Surle plumage instrumental
Musicienne du silence.


TOASTFUNEBRE



O denotre bonheurtoile fatal emblème!

Salut dela démence et libation blême
Ne crois pas qu'aumagique espoir du corridor
J'offre ma coupe vide oùsouffre un monstre d'or!
Ton apparition ne va pas me suffire:
Car je t'ai mismoi-mêmeen un lieu de porphyre.
Lerite est pour les mains d'éteindre le flambeau
Contre lefer épais des portes du tombeau:
Et l'on ignore malélupour notre fête
Très-simple de chanter l'absence dupoëte
Que ce beau monument l'enferme tout entier:
Si cen'est que la gloire ardente du métier
Jusqu'àl'heure commune et vile de la cendre
Par le carreau qu'allume unsoir fier d'y descendre
Retourne vers les feux du pur soleilmortel!

Magnifiquetotal et solitairetel
Tremble de s'exhaler le faux orgueil deshommes.
Cette foule hagarde! Elle annonce: Nous sommes
Latriste opacité de nos spectres futurs.
Mais le blason desdeuils épars sur de vains murs
J'ai méprisél'horreur lucide d'une larme
Quandsourd même àmon vers sacré qui ne l'alarme
Quelqu'un de ces passantsfieraveugle et muet
Hôte de son linceul vaguesetransmuait
En le vierge héros de l'attente posthume.
Vaste gouffre apporté dans l'amas de la brume
Parl'irascible vent des mots qu'il n'a pas dits
Le Néant àcet Homme aboli de jadis:
« Souvenirs d'horizonsqu'est-ceô toique la Terre? »
Hurle ce songe; etvoix dont la clarté s'altère
L'espace a pour jouetle cri: « Je ne sais pas! »

Le Maîtrepar un oeil profondasur ses pas
Apaisé de l'édenl'inquiète merveille
Dont le frisson finaldans sa voixseuleéveille
Pour la Rose et le Lys le mystèred'un nom.
Est-il de ce destin rien qui demeurenon?
O voustousoubliez une croyance sombre.
Le splendide génieéternel n'a pas d'ombre.
Moide votre désirsoucieuxje veux voir
À qui s'évanouithierdans le devoir
Idéal que nous font les jardins de cetastre
Survivre pour l'honneur du tranquille désastre
Uneagitation solennelle par l'air
De parolespourpre ivre et grandcalice clair
Quepluie et diamantle regard diaphane
Restelà sur ces fleurs dont nulle ne se fane
Isole parmil'heure et le rayon du jour!
C'est de nos vrais bosquets déjàtout le séjour
Où le poëte pur a pour gestehumble et large
De l'interdire au rêveennemi de sacharge:
Afin que le matin de son repos altier
Quand la mortancienne et comme pour Gautier
De n'ouvrir pas les yeux sacréset de se taire
Surgissede l'allée ornement tributaire
Le sépulcre solide où gît tout ce qui nuit
Et l'avare silence et la massive nuit.


PROSEpour des Esseintes



Hyperbole!de ma mémoire
Triomphalement ne sais-tu
Te leveraujourd'hui grimoire
Dans un livre de fer vêtu:

Carj'installepar la science
L'hymne des coeurs spirituels
Enl'oeuvre de ma patience
Atlasherbiers et rituels.

Nouspromenions notre visage
(Nous fûmes deuxje le maintiens)
Sur maints charmes de paysage
O soeury comparant lestiens.

L'èred'autorité se trouble
Lorsquesans nul motifon dit
Dece midi que notre double
Inconscience approfondit

Quesoldes cent irisson site
Il savent s'il a bien été
Ne porte pas de nom que cite
L'or de la trompette d'Été.

Ouidansune île que l'air charge
De vue et non de visions
Toutefleur s'étalait plus large
Sans que nous en devisions.

Tellesimmensesque chacune
Ordinairement se para
D'un lucidecontourlacune
Qui des jardins la sépara.

Gloire dulong désirIdées
Tout en moi s'exaltait de voir
La famille des iridées
Surgir à ce nouveaudevoir.

Mais cettesoeur sensée et tendre
Ne porta son regard plus loin
Quesourireet comme à l'entendre
J'occupe mon antique soin.

Oh! sachel'Esprit de litige
À cette heure où nous noustaisons
Que de lis multiples la tige
Grandissait trop pournos raisons

Et noncomme pleure la rive
Quand son jeu monotone ment
Àvouloir que l'ampleur arrive
Parmi mon jeune étonnement

D'ouïrtout le ciel et la carte
Sans fin attestés sur mes pas
Par le flot même qui s'écarte
Que ce paysn'exista pas.

L'enfantabdique son extase
Et docte déjà par chemins
Elledit le mot: Anastase!
Né pour d'éternelsparchemins

Avantqu'un sépulcre ne rie
Sous aucun climatson aïeul
De porter ce nom: Pulchérie!
Caché par le tropgrand glaïeul.


ÉVENTAILde Madame Mallarmé




Aveccomme pour langage
Rien qu'un battement aux cieux
Le futurvers se dégage
Du logis très précieux

Aile toutbas la courrière
Cet éventail si c'est lui
Lemême par qui derrière
Toi quelque miroir a lui

Limpide(où va redescendre
Pourchassée en chaque grain
Unpeu d'invisible cendre
Seule à me rendre chagrin)

Toujourstel il apparaisse
Entre tes mains sans paresse.


AUTREÉVENTAIL de Mademoiselle Mallarmé


Orêveusepour que je plonge
Au pur délice sanschemin
Sachepar un subtil mensonge
Garder mon aile dansta main.

Unefraîcheur de crépuscule
Te vient à chaquebattement
Dont le coup prisonnier recule
L'horizondélicatement.

Vertige!voici que frissonne
L'espace comme un grand baiser
Quifoude naître pour personne
Ne peut jaillir ni s'apaiser.

Sens-tu leparadis farouche
Ainsi qu'un rire enseveli
Se couler du coinde ta bouche
Au fond de l'unanime pli!

Le sceptredes rivages roses
Stagnants sur les soirs d'orce l'est
Ceblanc vol fermé que tu poses
Contre le feu d'un bracelet.


FEUILLETD'ALBUM


Tout àcoup et comme par jeu
Mademoiselle qui voulûtes
Ouïrse révéler un peu
Le bois de mes diverses flûtes

Il mesemble que cet essai
Tenté devant un paysage
A du bonquand je le cessai
Pour vous regarder au visage

Oui cevain souffle que j'exclus
Jusqu'à la dernièrelimite
Selon mes quelques doigts perclus
Manque de moyenss'il imite

Votre trèsnaturel et clair
Rire d'enfant qui charme l'air.


SONNET


Mary

sans tropd'ardeur à la fois enflammant
La rose qui cruelle oudéchirée et lasse
Même du blanc habit depourpre le délace
Pour ouïr dans sa chair pleurer lediamant

Oui sansces crises de rosée et gentiment
Ni brise quoiqueavecle ciel orageux passe
Jalouse d'apporter je ne sais quel espace
Au simple jour le jour très vrai du sentiment

Ne tesemble-t-il pasMaryque chaque année
Dont sur ton frontrenaît la grâce spontanée
Suffise selonquelque apparence et pour moi

Comme unéventail frais dans la chambre s'étonne
Àraviver du peu qu'il faut ici d'émoi
Toute notre nativeamitié monotone.


SONNET




O sichère de loin et proche et blanchesi
DélicieusementtoiMaryque je songe
À quelque baume rare émanépar mensonge
Sur aucun bouquetier de cristal obscurci

Lesais-tuoui! pour moi voici des ansvoici
Toujours que tonsourire éblouissant prolonge
La même rose avec sonbel été qui plonge
Dans autrefois et puis dans lefutur aussi.

Mon coeurqui dans les nuits parfois cherche à s'entendre
Ou de queldernier mot t'appeler le plus tendre
S'exalte en celui rien quechuchoté de soeur

N'étanttrès grand trésor et tête si petite
Que tum'enseignes bien toute une autre douceur
Tout bas par le baiserseul dans tes cheveux dite.


REMÉMORATIOND'AMIS BELGES



A desheures et sans que tel souffle l'émeuve
Toute la vétustépresque couleur encens
Comme furtive d'elle et visible je sens
Que se dévêt pli selon pli la pierre veuve

Flotte ousemble par soi n'apporter une preuve
Sinon d'épandre pourbaume antique le temps
Nous immémoriaux quelques-uns sicontents
Sur la soudaineté de notre amitié neuve

O trèschers rencontrés en le jamais banal
Bruges multipliantl'aube au défunt canal
Avec la promenade éparse demaint cygne

Quandsolennellement cette cité m'apprit
Lesquels entre ses filsun autre vol désigne
À prompte irradier ainsiqu'aile l'esprit.


LESAVETIER



Horsde la poix rien à faire
Le lys naît blanccommeodeur
Simplement je le préfère
À ce bonraccommodeur.

Il va decuir à ma paire
Adjoindre plus que je n'eus
Jamaiscela désespère
Un besoin de talons nus.

Sonmarteau qui ne dévie
Fixe de clous gouailleurs
Sur lasemelle l'envie
Toujours conduisant ailleurs.

Ilrecréerait des souliers
O pieds! si vous le vouliez!


LAMARCHANDE D'HERBES AROMATIQUES


Ta pailleazur de lavandes
Ne crois pas avec ce cil
Osé que tume la vendes
Comme a l'hypocrite s'il

En tapissela muraille
De lieux les absolus lieux
Pour le ventre qui seraille
Renaître aux sentiments bleus.

Mieuxentre une envahissante
Chevelure ici mets-la
Que le brinsalubre y sente
ZéphirinePaméla

Ouconduise vers l'époux
Les prémices de tes poux.


LECANTONNIER


Cescaillouxtu les nivelles
Et c'estcomme troubadour
Un cubeaussi de cervelles
Qu'il me faut ouvrir par jour.


LEMARCHAND D'AIL ET D'OIGNONS


L'ennuid'aller en visite
Avec l'ail nous l'éloignons
L'élégieau pleur hésite
Peu si je fends des oignons.


LAFEMME DE L'OUVRIER


La femmel'enfantla soupe
En chemin pour le carrier
Le complimententqu'il coupe
Dans l'us de se marier.


LEVITRIER


Le pursoleil qui remise
Trop d'éclat pour l'y trier
Oteébloui sa chemise
Sur le dos du vitrier.


LECRIEUR D'IMPRIMÉS


Toujoursn'importe le titre
Sans même s'enrhumer au
Dégelce gai siffle-litre
Crie un premier numéro.


LAMARCHANDE D'HABITS


Le vifoeil dont tu regardes
Jusques à leur contenu
Me séparede mes hardes
Et comme un dieu je vais nu.


BILLETÀ WHISTLER


Pas lesrafales à propos
De rien comme occuper la rue
Sujetteau noir vol de chapeaux;
Mais une danseuse apparue

Tourbillonde mousseline ou
Fureur éparse en écumes
Quesoulève par son genou
Celle même dont nous vécûmes

Pour touthormis luirebattu
Spirituelleivreimmobile
Foudroyeravec le tutu
sans se faire autrement de bile

Sinonrieur que puisse l'air
De sa jupe éventer Whistler.


RONDEL

Rien auréveil que vous n'ayez
Envisagé de quelque moue
Pire si le rire secoue
Votre aile sur les oreillers

Indifféremmentsommeillez
Sans crainte qu'une haleine avoue
Rien au réveilque vous n'ayez
Envisagé de quelque moue

Tous lesrêves émerveillés
Quand cette beautéles déjoue
Ne produisent fleur sur la joue
Dans l'oeildiamants impayés
Rien au réveil que vous n'ayez


RONDEL


Si tu veuxnous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cetterose ne l'interromps
Qu'à verser un silence pire

Jamais dechants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tuveux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire

Muet muetentre les ronds
Sylphe dans la pourpre d'empire
Un baiserflambant se déchire
Jusqu'aux pointes des ailerons
Situ veux nous nous aimerons


PETITAIR I


Quelconqueune solitude
Sans le cygne ni le quai
Mire sa désuétude
Au regard que j'abdiquai

Ici de lagloriole
Haute à ne la pas toucher
Dont main ciel sebariole
Avec les ors de coucher

Maislangoureusement longe
Comme de blanc linge ôté
Telfugace oiseau si plonge
Exultatrice à côté

Dansl'onde toi devenue
Ta jubilation nue.


PETITAIR II


Indomptablementa dû
Comme mon espoir s'y lance
Éclater là-hautperdu
Avec furie et silence

Voixétrangère au bosquet
Ou par nul écho suivie
L'oiseau qu'on n'ouït jamais
Une autre fois en la vie.

Le hagardmusicien
Cela dans le doute expire
Si de mon sein pas dusien
A jailli le sanglot pire

Déchiréva-t-il entier
Rester sur quelque sentier!


PETITAIR (GUERRIER)


Ce me vahormis l'y taire
Que je sente du foyer
Un pantalon militaire
À ma jambe rougeoyer

L'invasionje la guette
Avec le vierge courroux
Tout juste de labaguette
Au gant blancs des tourlourous

Nue oud'écorce tenace
Pas pour battre le Teuton
Mais commeune autre menace
À la fin que me veut-on

Detrancher ras cette ortie
Folle de la sympathie.


SONNET


Quandl'Ombre menaça de la fatale loi
Tel vieux Rêvedésir et mal de mes vertèbres
Affligé depérir sous les plafonds funèbres
Il a ployéson aile indubitable en moi.

Luxeôsalle d'ébène oùpour séduire un roi
Setordent dans leur mort des guirlandes célèbres
Vousn'êtes qu'un orgueil menti par les ténèbres
Auxyeux du solitaire ébloui de sa foi

Ouijesais qu'au lointain de cette nuitla Terre
Jette d'un grandéclat l'insolite mystère
Sous les siècleshideux qui l'obscurcissent moins.

L'espace àsoi pareil qu'il s'accroisse ou se nie
Roule dans cet ennui desfeux vils pour témoins
Que c'est d'un astre en fêteallumé le génie.


SONNET


Le viergele vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avecun coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous legivre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui!

Un cygned'autrefois se souvient que c'est lui
Magnifique mais qui sansespoir se délivre
Pour n'avoir pas chanté la régionoù vivre
Quand du stérile hiver a resplendil'ennui.

Tout soncol secouera cette blanche agonie
Par l'espace infligée àl'oiseau qui le nie
Mais non l'horreur du sol où leplumage est pris.

Fantômequ'à ce lieu son pur éclat assigne
Il s'immobiliseau songe froid de mépris
Que vêt parmi l'exilinutile le Cygne.


SONNET

Victorieusement fui le suicide beau
Tison de gloiresang par écumeortempête!
O rire si là-basune pourpre s'apprête
À ne tendre royal que monabsent tombeau.

Quoi! detout cet éclat pas même le lambeau
S'attardeil estminuità l'ombre qui nous fête
Excepté qu'untrésor présomptueux de tête
Verse son caressénonchaloir sans flambeau

La tiennesi toujours le délice! la tienne
Oui seule qui du cielévanoui retienne
Un peu de puéril triomphe en t'encoiffant

Avecclarté quand sur les coussins tu la poses
Comme un casqueguerrier d'impératrice enfant
Dont pour te figurer iltomberait des roses.


SONNET



Sespurs ongles très haut dédiant leur onyx
L'Angoissece minuitsoutientlampadophore
Main rêve vespéralbrûlé par le Phénix
Que ne recueille pas decinéraire amphore

Sur lescrédencesau salon vide: nul ptyx
Aboli bibelotd'inanité sonore
(Car le Maître est aller puiserdes pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néants'honore).

Maisproche la croisée au nord vacanteun or
Agonise selonpeut-être le décor
Des licornes ruant du feu contreune nixe

Elledéfunte nue en le miroirencor
Quedans l'oubli fermépar le cadrese fixe
De scintillations sitôt le septuor.


SONNET


Lachevelure vol d'une flamme à l'extrême
Occident dedésirs pour la tout déployer
Se pose (je diraismourir un diadème)
Vers le front couronné sonancien foyer

Mais sansor soupirer que cette vive nue
L'ignition du feu toujoursintérieur
Originellement la seule continue
Dans lejoyau de l'oeil véridique ou rieur

Une nuditéde héros tendre diffame
Celle qui ne mouvant astre ni feuxau doigt
Rien qu'à simplifier avec gloire la femme
Accomplit par son chef fulgurante l'exploit

De semerde rubis le doute qu'elle écorche
Ainsi qu'une joyeuse ettutélaire torche.


LETOMBEAU D'EDGAR POE



Telqu'en Lui-même enfin l'éternité le change
LePoëte suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvantéde n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voixétrange!

Euxcommeun vil sursaut d'hydre oyant jadis l'Ange
Donner un sens plus puraux mots de la tribu
Proclamèrent très haut lesortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noirmélange.

Du sol etde la nue hostilesô grief!
Si notre idée avec nesculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissantes'orne

Calme blocici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit du moinsmontre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphèmeépars dans le futur.


LETOMBEAU DE CHARLES BAUDELAIRE



Letemple enseveli divulgue par la bouche
Sépulcrale d'égoutbavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Toutle museau flambé comme un aboi farouche

Ou que legaz récent torde la mèche louche
Essuyeuse on lesait des opprobres subis
Il allume hagard un immortel pubis
Dontle vol selon le réverbère découche

Quelfeuillage séché dans les cités sans soir
Votifpourra bénir comme elle se rasseoir
Contre le marbrevainement de Baudelaire

Au voilequi la ceint absente avec frissons
Celle son Ombre même unpoison tutélaire
Toujours à respirer si nous enpérissons.


TOMBEAUAnniversaire - Janvier 1897



Lenoir roc courroucé que la bise le roule
Ne s'arrêterani sous de pieuses mains
Tâtant sa ressemblance avec lesmaux humains
Comme pour en bénir quelque funeste moule.

Icipresque toujours si le ramier roucoule
Cet immatérieldeuil opprime de maints
Nubiles plis l'astre mûri deslendemains
Dont un scintillement argentera la foule.

Quichercheparcourant le solitaire bond
Tantôt extérieurde notre vagabond -
Verlaine? Il est caché parmi l'herbeVerlaine

Àne surprendre que naïvement d'accord
La lèvre sans yboire ou tarir son haleine
Un peu profond ruisseau calomniéla mort.


HOMMAGE



Lesilence déjà funèbre d'une moire
Disposeplus qu'un pli seul sur le mobilier
Que doit un tassement duprincipal pilier
Précipiter avec le manque de mémoire.

Notre sivieil ébat triomphal du grimoire
Hiéroglyphes donts'exalte le millier
À propager de l'aile un frissonfamilier!
Enfouissez-le-moi plutôt dans une armoire.

Dusouriant fracas originel haï
Entre elles de clartésmaîtresses a jailli
Jusque vers un parvis né pourleur simulacre

Trompettestout haut d'or pâmé sur les vélins
Le dieuRichard Wagner irradiant un sacre
Mal tu par l'encre mêmeen sanglots sibyllins.


HOMMAGE


TouteAurore même gourde
À crisper un poing obscur
Contredes clairons d'azur
Embouchés par cette sourde

A le pâtreavec la gourde
Jointe au bâton frappant dur
Le long deson pas futur
Tant que la source ample sourde

Par avanceainsi tu vis
O solitaire Puvis
De Chavannes

jamaisseul

Deconduire le temps boire
À la nymphe sans linceul
Quelui découvre ta Gloire.


HOMMAGE



Toutel'âme résumée
Quand lente nous l'expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en autres ronds

Attestequelque cigare
Brûlant savamment pour peu
Que la cendrese sépare
De son clair baiser de feu

Ainsi lechoeur des romances
À la lèvre vole-t-il
Exclus-ensi tu commences
Le réel parce que vil

Les senstrop précis rature
Ta vague littérature.


HOMMAGE



Auseul souci de voyager
Outre une Inde splendide et trouble
--Ce salut soit le messager
Du tempscap que ta poupe double

Comme surquelque vergue bas
Plongeante avec la caravelle
Écumaittoujours en ébats
Un oiseau d'annonce nouvelle

Qui criaitmonotonement
Sans que la barre ne varie
Un inutile gisement
Nuitdésespoir et pierrerie

Par sonchant reflété jusqu'au
Sourire du pâle Vasco.


SONNET



ToutOrgueil fume-t-il du soir
Torche dans un branle étouffée
Sans que l'immortelle bouffée
Ne puisse àl'abandon surseoir!

La chambreancienne de l'hoir
De maint riche mais chu trophée
Neserait pas même chauffée
S'il survenait par lecouloir.

Affres dupassé nécessaires
Agrippant comme avec des serres
Le sépulcre de désaveu

Sous unmarbre lourd qu'elle isole
Ne s'allume pas d'autre feu
Que lafulgurante console.


SONNET



Surgide la croupe et du bond
D'une verrerie éphémère
Sans fleurir la veillée amère
Le col ignorés'interrompt.

Je croisbien que deux bouches n'ont
Buni son amant ni ma mère
Jamais à la même Chimère
Moisylphe dece froid plafond!

Le purvase d'aucun breuvage
Que l'inexhaustible veuvage
Agonisemais ne consent

Naïfbaiser des plus funèbres!
À rien expirer annonçant
Une rose dans les ténèbres.


SONNET



Unedentelle s'abolit
Dans le doute du Jeu suprême
Àn'entr'ouvrir comme un blasphème
Qu'absence éternellede lit.

Cetunanime blanc conflit
D'une guirlande avec la même
Enfouicontre la vitre blême
Flotte plus qu'il n'ensevelit.

Maischezqui du rêve se dore
Tristement dort une mandore
Aucreux néant musicien

Telle quevers quelque fenêtre
Selon nul ventre que le sein
Filialon aurait pu naître.


SONNET



Quellesoie aux baumes de temps
Où la Chimère s'exténue
Vaut la torse et native nue
Quehors de ton miroirtutends!

Les trousde drapeaux méditants
S'exaltent dans notre avenue:
Moij'ai la chevelure nue
Pour enfouir mes yeux contents.

Non! Labouche ne sera sûre
De rien goûter à samorsure
S'il ne faitton princier amant

Dans laconsidérable touffe
Expirercomme un diamant
Le crides Gloires qu'il étouffe.


SONNET



M'introduiredans ton histoire
C'est en héros effarouché
S'ila du talon nu touché
Quelque gazon de territoire

Àdes glaciers attentatoire
Je ne sais le naïf péché
Que tu n'auras pas empêché
De rire trèshaut sa victoire

Dis si jene suis pas joyeux
Tonnerre et rubis aux moyeux
De voir enl'air que ce feu troue

Avec desroyaumes épars
Comme mourir pourpre la roue
Du seulvespéral de mes chars.


SONNET



Àla nue accablante tu
Basse de basaltes et de laves
Àmême les échos esclaves
Par une trompe sans vertu

Quelsépulcral naufrage (tu
Le saisécumemais ybaves)
Suprême une entre les épaves
Abolit lemât dévêtu

Ou celaque furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîmevain éployé

Dans le siblanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Leflanc enfant d'une sirène.


SONNET



Mesbouquins refermés sur le nom de Paphos
Il m'amuse d'élireavec le seul génie
Une ruinepar mille écumesbénie
Sous l'hyacintheau loinde ses jours triomphaux.

Coure lefroid avec ses silences de faux
Je n'y hululerai pas de videnénie
Si ce très blanc ébat au ras du soldénie
À tout site l'honneur du paysage faux.

Ma faimqui d'aucuns fruits ici ne se régale
Trouve dans leurdocte manque une saveur égale:
Qu'un éclate dechair humain et parfumant!

Le piedsur quelque guivre où notre amour tisonne
Je pense pluslongtemps peut-être éperdument
À l'autreausein brûlé d'une antique amazone.